Pédiatrie en contexte humanitaire : le travail commence a peine
En décembre 2017, pendant deux jours, Médecins Sans Frontières a invité la communauté pédiatrique à Dakar, pour se pencher sur les contextes humanitaires, afin de mieux prendre en charge ses patients les plus vulnérables : les enfants.
« Comment faire de la pédiatrie de qualité en contexte humanitaire sans les pédiatres ? »
C’est la question qui a été posée lors des Journées pédiatriques, organisées par l’ONG internationale médicale Médecins Sans Frontières à Dakar, les 15 et 16 décembre 2017.
Dans les contextes humanitaires, les enfants sont plus vulnérables et exposés aux maladies, à leurs complications et à la mort. Les conflits, l’insécurité politique, les catastrophes naturelles, les déplacements de population ou les conditions économiques difficiles limitent l’accès aux soins, augmentant la vulnérabilité des plus jeunes patients. A cela s’ajoute une prise en charge souvent plus difficile, du fait de ressources limitées sur le terrain : des pédiatres et infirmiers pédiatriques en nombre insuffisant ; du personnel soignant souvent peu formé à la spécificité et aux besoins propres des enfants ; peu de protocoles et outils adaptés aux contextes ; pas de médicaments ; etc. Autant de défis qui complexifient les interventions sur le terrain.
« Nous avons beaucoup fait pour augmenter notre capacité pédiatrique au sein de nos organisations médicales d’urgence. Pourtant, l’insécurité - qui caractérise beaucoup des contextes où nous intervenons - limite encore nos possibilités d’envoyer des pédiatres sur ces terrains », explique Cristian Casademont, Responsable de l’unité médico-opérationnelle de MSF. « Si nous n’avons qu’un seul pédiatre, vers quelles priorités devons-nous l’orienter ? C’est la grande question : ‘Comment faire les choses de manière efficace pour mieux prendre en charge nos patients les plus jeunes ?’ ».
Le partage d'expériences pour améliorer les interventions dans les contextes à ressources limitées
Les participants ont échangé leurs expériences et réflexions sur leur pratique de la pédiatrie en contexte à ressources limitées. Entre autres thèmes abordés lors de cette édition, l’asphyxie périnatale, les états neurologiques sévères pédiatriques, la gestion de la douleur et les soins palliatifs. Ce sont tous des domaines dans lesquels un progrès considérable est aujourd’hui nécessaire et réalisable. Des séances de présentation de recherches ont également été organisées, dont une consacrée à la malnutrition, ainsi que deux ateliers parallèles, en marge de ces journées.
Pour Marc Gastellu Etchegorry, ancien secrétaire médical international de MSF et chercheur à Epicentre, qui participait aussi à la rencontre, « MSF a une responsabilité de recherche et d’innovation. Mais la recherche ne s’arrête pas à la publication : elle doit amener à la mise en place d’outils adaptés à nos terrains d’intervention, ou à une critique pour, au final, améliorer nos pratiques et mieux prendre en charge nos patients ».
Quel bilan pour cette seconde édition?
210 personnes se sont réunies pour cette seconde édition des Journées pédiatriques MSF et plus de 1.500 ont assisté via la diffusion simultanée en ligne des discussions. Médecins, pédiatres, sages-femmes, infirmières et chercheurs ont ainsi pu élaborer un certain nombre de recommandations pour l’amélioration de la qualité des soins pédiatriques en contextes d’urgence humanitaire.