Pourquoi la pédiatrie?
LES ENFANTS REPRÉSENTENT LA PLUS GRANDE PARTIE DES PATIENTS DE MSF
Les enfants sont au centre des activités de MSF dans le monde entier, étant souvent le groupe le plus sensible dans les situations d'urgence humanitaire. Dans les structures de santé MSF en 2022, près de 6 millions d'enfants de moins de 5 ans ont été reçus en consultation externe et 600 000 ont été admis à l'hôpital pour y être soignés. En outre, 550 000 enfants ont reçu un traitement contre la malnutrition, soit en tant que patients hospitalisés, soit en soins ambulatoires (i). Si l'on inclut les enfants de moins de 15 ans, les patients pédiatriques représentent bien plus de 50 % de l'activité de MSF.
LA MORTALITÉ DES ENFANTS DE MOINS DE 5 ANS EST ENCORE ÉLEVÉE
Des progrès considérables ont été accomplis au niveau mondial pour réduire le nombre de décès d'enfants au cours des 30 dernières années - depuis 1990, le nombre de décès d'enfants de moins de cinq ans a été réduit de 59 % (ii). Malgré cela, un nombre inacceptable d'enfants, dont la moitié sont des nouveau-nés, continuent à mourir chaque jour. En 2021, 5 millions d'enfants de moins de 5 ans ont perdu leur vie, ce qui équivaut à un nombre stupéfiant de 13 800 enfants qui meurent chaque jour.
Les enfants en Afrique subsaharienne - en particulier en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale - et en Asie du Sud sont les plus affectés. 83 % des décès d'enfants de moins de 5 ans surviennent dans ces deux régions combinées, et plus de 50 % des décès d'enfants de tout âge surviennent dans la seule Afrique subsaharienne (iii).
DES TRAITEMENTS SIMPLES EXISTENT
Malheureusement, la majorité des décès d'enfants et de nouveau-nés pourraient être évités si ceux ci avaient accès à des soins médicaux adéquats en temps voulu.
La pneumonie, le paludisme et la diarrhée restent les principales causes de mortalité pédiatrique (iv), la malnutrition étant un facteur contribuant à près de la moitié des décès, alors qu'il existe des traitements simples pour ces trois maladies. Selon les données de l'UNICEF, un enfant meurt de pneumonie toutes les 43 secondes (v).
Les principales causes de décès des nouveau-nés - asphyxie à la naissance, prématurité et septicémie - pourraient être considérablement réduites par des interventions simples qui, en fin de compte, sauvent des vies, telles que la présence de personnel médical qualifié lors de l'accouchement, des soins prénatals et postnatals réguliers et l'allaitement au sein.
LES RÉPERCUSSIONS DE L'APRÈS-COVID
Le COVID-19 a occupé le devant de la scène médicale mondiale pendant la majeure partie des années 2020 et 2021, au détriment des soins pédiatriques. Les activités pédiatriques de base, telles que les vaccinations de routine, les "tests et traitements" contre le paludisme et les programmes de nutrition, ont été interrompues, tandis que les familles ont été invitées à se tenir à l'écart des centres médicaux. En conséquence, nous avons assisté à l'une des pires épidémies de maladies évitables par la vaccination depuis des décennies. Les cas de rougeole ont augmenté de 79 % dans le monde en 2022 (vi), tandis que le Nigéria lutte actuellement contre sa deuxième épidémie de diphtérie de 2023 (vii). Les enfants non vaccinés sont les plus exposés au risque de contracter ces deux maladies et d'en mourir. En outre, on estime à 14 millions le nombre de cas supplémentaires de paludisme en 2020 par rapport à 2019, principalement liés à des perturbations pandémiques (viii), la majorité des décès liés au paludisme survenant chez de jeunes enfants. L'absence de surveillance nutritionnelle régulière, associée à l'insécurité alimentaire post-pandémique et à l'intensification des conflits mondiaux, a également entraîné une augmentation sans précédent du nombre d'enfants souffrant de malnutrition.
LES ENFANTS NE SONT PAS DE PETITS ADULTES
De nombreuses maladies et affections sont spécifiques aux enfants, comme la bronchiolite et le croup, tandis que d'autres se présentent différemment chez les enfants par rapport aux adultes, comme le paludisme. Les soins néonatals sont une sous-spécialité spécifique de la pédiatrie qui s'occupe des conditions propres aux bébés jusqu'à 28 jours. Pour ces raisons, les bébés et les enfants ont besoin de soins spécialisés dispensés par des médecins et des infirmières formés à la reconnaissance et à la prise en charge des maladies infantiles, afin de garantir des soins adéquats.
POURQUOI LES JOURNÉES PÉDIATRIQUES ?
Malgré les énormes progrès réalisés dans le monde en matière de soins pédiatriques et néonatals au cours des 30 dernières années, l'accès à des soins de pointe de haute qualité n'est pas universel.
Lorsque la recherche scientifique est menée dans des pays à hauts revenus, comme c'est souvent le cas, les recommandations fondées sur des données probantes qui en résultent peuvent ne pas être applicables dans des pays ne disposant pas des mêmes infrastructures et ressources dans le domaine de la santé. Cela se fait souvent par le moyen de la recherche opérationnelle, qui contribue de manière essentielle au développement d'outils et de solutions adaptés au contextes et qui est saluée et encouragée par les Journées pédiatriques de MSF.
Depuis 2016, cet événement rassemble des universitaires et des experts cliniques en pédiatrie de renommée mondiale, des employés de MSF - internationaux et recrutés localement - et des représentants d'autres organisations non gouvernementales pour présenter, débattre et discuter des défis spécifiques auxquels est confrontée la pédiatrie humanitaire, et identifier des solutions potentielles. Chaque événement se concentre sur des thèmes spécifiques pour lesquels des défis ont été identifiés - au cours des cinq dernières éditions, il s'agissait de sujets hautement cliniques tels que la gestion des fluides en cas de choc, l'asphyxie néonatale et l'assistance respiratoire avancée, ainsi que de défis plus opérationnels tels que la mise en œuvre de stratégies de soins palliatifs et de prévention du paludisme.
Les principaux objectifs des Journées pédiatriques de MSF sont les suivants:
- Identifier les lacunes qui subsistent, encourager la recherche, le développement de nouveaux traitements et de nouveaux diagnostiques destinés aux patients pédiatriques dans des contextes humanitaires.
- Comprendre les dernières découvertes et les adapter à notre pratique autant que possible.
- Trouver des solutions et élaborer des recommandations utiles dans les contextes dans lesquels travaillent MSF ainsi que d'autres organisations humanitaires.
- Assurer que la pédiatrie soit en première ligne des priorités MSF.
Les Journées pédiatriques MSF sont ouvertes à toute personne intéressée par l'amélioration des soins néonatals et pédiatriques dans les contextes humanitaires et ne sont pas réservées aux infirmières et médecins spécialistes en pédiatrie. Grâce à un brainstorming multidisciplinaire et à un travail d'équipe, nous espérons trouver des moyens plus innovants de gérer les défis auxquels nous sommes confrontés en matière de soins néonatals et pédiatriques au sein de MSF.
Sources:
(i) Data from MSF typology report 2023.
(ii) UNICEF data. https://data.unicef.org/topic/child-survival/under-five-mortality/
(iii) Masquelier B, Hug L, Sharrow D, et al. Global, regional, and national mortality trends in older children and young adolescents (5-14 years) from 1990 to 2016: an analysis of empirical data. Lancet Glob Health. 2018;6(10):e1087-e1099. https://doi.org/10.1016/S2214-109X(18)30353-X
(iv) The Global Health Observatory, WHO https://www.who.int/data/gho/data/themes/topics/topic-details/GHO/child-mortality-and-causes-of-death
(v) UNICEF data. https://data.unicef.org/topic/child-health/pneumonia/
(vi) UNICEF article. Measles cases are spiking globally. May 2022. https://www.unicef.org/stories/measles-cases-spiking-globally
(vii) WHO Disease Outbreak news. Diphtheria – Nigeria. Sept 2023. https://www.who.int/emergencies/disease-outbreak-news/item/2023-DON485
(viii) WHO News release. More malaria cases and deaths in 2020 linked to COVID-19 disruptions. Dec 2021. https://www.who.in